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Paulin Derelle est le dernier enfant du couple
Anatole Paulin DERELLE (1882-1947)
et Glossinde ANDRE (1888-1981)
Après l'Armistice de 1919 , la famille
Derelle retourne en Lorraine. Glossinde est enceinte de son dernier fils.
A
Joudreville les cités ont été utilisées par les Allemands. Vingt trois
logements ont été habités normalement pendant toute la guerre. A partir de
janvier 1916, les 307 vacants furent occupés en permanence par les
troupes allemandes.
La rue du Pâquis qui avait grandement souffert d'un
bombardement en août 1914 vit un groupe de maisons rasé jusqu'au
premier étage, couvert de tôles et transformé en cantine. Certains
logements endommagés restèrent sans réparations, alors que la partie droite de
la rue servit d'écuries, les planchers ont été défoncés ou même brûlés. La
plupart des rues servaient de cantonnements.
La rue de Norroy avait pour
vocation d'infirmerie des chevaux... Portes et fenêtres étaient utilisées comme
bois de chauffage.
Des logements en bois furent démontés en 1915, pour
être transportés plus près du front. Enfin l'explosion en 1917 d'un dépôt
de munitions qui se trouvait sur le plateau, près de la gare de Joudreville,
acheva d'ébranler fortement les habitations
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Maurice
Anatole Paulin
Glossinde Fernand
Paulin
René 1920
Paulette Georges
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Entre deux guerres 1919-1939
Pendant le temps de la remise en
état, Anatole Paulin, Glossinde et les 5 enfants vont vivre à
Norroy-le-Sec chez le grand-père Victor André. Ce dernier raconte et raconte
encore à ses enfants, les larmes aux yeux, comment il a été obligé de couper
les noyers sur le chemin du moulin de Norroy pour que les Allemands en fassent
des crosses de fusil et des hélices d'avion. Parfois un son de trompette
réveille les enfants le matin, c'est le berger qui appelle les bêtes
domestiques. Chacun ouvre sa porte et chèvres, moutons et cochons suivent le
berger dans les pâturages pour la journée.
Bientôt une partie des cités de
Joudreville est prête pour recevoir la famille qui s'installe au 49 rue de
Valenciennes. Au mois de mai 1919, Glossinde accouche d'un beau garçon qui
s'appellera Paulin comme son père.
Paulin, après son certificat
d'études, fait son apprentissage en 1935 chez son petit cousin Lucien
Camille, boucher à Thil.
Ce métier ne lui plaît pas beaucoup car un jour il se
sauve à pied.
Une fois encore Maurice parcourt les chemins et les routes, en
moto cette fois, pour le retrouver et le ramener à la maison.
Une autre fois
Paulin s'enfuira jusqu'à Paris, chez sa sœur Paulette. Celle ci le renverra le
lendemain.
Mais comme il semble être le petit chouchou du père, il ne sera pas
trop disputé.
Il quitte alors la boucherie pour la mine du Nord-est |
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Paulin : 2° à partir de la gauche
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La captivité de Paulin Derelle pendant la guerre 39-45
Paulin a été incorporé le
28.11.1939, puis affecté au 4° régiment de tirailleur Tunisiens le 05.04.1940.
Il a été cité à l’ordre de la brigade et décoré de la croix de guerre pour acte
de bravoure : « ayant mis sa mitrailleuse en batterie à découvert sur
le bord de la route, a assuré dans cette position périlleuse, grâce à son
mépris du danger, le repli de 2 canons de 25 ». Il a été fait prisonnier
le 16.06.1940 à Ablis à coté de Paris. N° 1785.1835
Paulin Derelle dépendait du
STALAG XIII B de Weiden au nord ouest de Nuremberg, à une vingtaine
de kilomètres de la
Tchécoslovaquie actuelle, dans les Sudètes annexées par
Hitler dès octobre 1938. Il est arrivé en Allemagne le 17.09.1940.
Les Sudètes
Les Sudètes occupent une partie
du territoire nord-est du quadrilatère de Bohème entre la porte de Moravie et
les monts des Géants. Déjà en 1800, elles font partie de l’empire
austro-hongrois. La population, de langue allemande, a en vain demandé son
rattachement à l’Allemagne en 1919, lors du traité de Versailles. L’époque
était plutôt à réduire le territoire allemand et non à l’augmenter après la
défaite.
L’idée d’un état rassemblant les
Tchèques et les Slovaques commençait à peine à germer dans les premières années
du 20° siècle. La première guerre mondiale en permis la réalisation. Les plus
modérés envisageaient seulement une autonomie dans le cadre d’une
Autriche-Hongrie fédérale. Les plus hardis, songeaient à l’indépendance. La
répression s’abat sur eux, la résistance intérieure est passive voir teintée
d’humour (le brave soldat Svejk). La résistance active s’organise en France
(conseil national tchécoslovaque), elle mène en Amérique une propagande intense
auprès de leurs compatriotes immigrés. Bien entendu, personne ne parle des
populations de langue allemande.
L’affaiblissement de
l’Autriche-Hongrie, la révolution russe en 1917, permettent l’agitation intérieure : manifeste des
écrivains, grèves dans les centres industriels. L’indépendance est proclamée le
28 octobre 1918 par le comité national tchèque.
La délicate question des
frontières fut débattue à la conférence de la paix. La délégation
tchécoslovaque signa les traités de Saint-germain et du Trianon. Pour des
motifs historiques, économiques et stratégiques, le nouvel état engloba des
minorités allemandes des Sudètes au Nord-ouest, des magyars au sud, des
ukrainiens à l’est. Au total, tchèques et slovaques ne représentaient que les
deux tiers de la population (13,4 millions) en 1921. La minorité allemande
demanda son rattachement à l’Allemagne, il y eut des soulèvements populaires à
Liberec-Reichenberg ; rien n’y fit, les 3,2 Millions d’allemands restèrent
dans la
Tchécoslovaquie.
La vie politique fut minée par
les rivalités des nombreux partis qui s’affrontaient dans le cadre d’une
constitution héritée du modèle français. La question agraire fut très
grave : 2000 familles de grands propriétaires (d’origine germanique ou
hongroise : deux minorités) possédaient 30% des terres. Pour éviter que
les ruraux ne rejoignent l’opposition révolutionnaire, le gouvernement décida
d’une reforme agraire. Elle fut appliquée très lentement, du fait de
l’influence du parti agrarien d’Anton Svehla qui défendait les intérêts de
propriétaires fonciers au prix de compromis avec les catholiques populistes et
les socialistes nationaux de Benes. En 1930, seulement 1,5 millions d’ha
avaient été redistribués. Les entreprises agricoles importantes ne furent pas
touchées par la réforme.
Bien que la république ait
garanti les droits des minorités, les Tchèques se sont vu reprocher leur
domination par toutes les ethnies, même les slaves. La minorité allemande ne
regardait plus du coté autrichien mais vers l’Allemagne forte et pangermanique.
En 1933, le parti allemand des Sudètes est crée par Konrad Henlein. Aux
élections de 1935, il devient le 2° parti de Tchécoslovaquie. Malgré la
prudence du gouvernement et les avertissements des réfugiés venus du Reich, la
pression des nazis rendit toute entente impossible et mis en cause l’existence
même du pays.
Aux élections municipales de mai
1938, le parti allemand recueille 70% des voix allemandes. Il réclame
l’autonomie dans un état fédéraliste. Prague refuse malgré la pression de Paris
et de Londres. Une mobilisation partielle est commencée le 21 mai. Hitler
réplique en menaçant d’envoyer l’armée allemande. Les anglais proposent une
médiation entre tchèques et Sudètes, elle échoue en septembre 1938. Henlein
réclame le rattachement au Reich. C’est la crise de Munich, la menace d’une
guerre grandit d’heure en heure. Le 30 septembre lors de la conférence de Munich,
Daladier et Chamberlain acceptent la volonté d’Hitler et Mussolini, sans l’avis
de Prague. Le 1° octobre Hitler envahi les Sudètes. Des dissensions entre
Tchèques et Slovaques vont entraîner la création du protectorat de
Bohème-Moravie. Les Slovaques, dont un politicien (l’abbé Tuka) avait été
condamné par les Tchèques en 1928 lors d’un procès retentissant, se mettent
d’accord avec Hitler. Celui-ci envahi la Bohème et la Moravie. C’en est fini
de la
Tchécoslovaquie.
Le Stalag XIII B de Weiden
Situé en Allemagne, à une
vingtaine de Km de la frontière tchécoslovaque, ce camp a été construit entre
juillet et octobre 1935, comme logement de l’armée allemande. Les premiers
prisonniers polonais sont arrivés fin 1939, ils accueilleront les Français.
Quelques Serbes, Belges et quelques Américains capturés à St Lo, Bayeux et
Cherbourg cohabiteront avec les Français. Sur un effectif global de 20000
prisonniers dépendant de Weiden, 14200 étaient français. Le camp restera un
centre de captivité jusqu’au début de juillet 1946. Repris par les américains
le 22 avril 1945 (11° division du général H.E. Dager), il sera rebaptisé camps
« Pitman ». Les soldats allemands prendront la place des prisonniers
alliés libérés.
Paulin est arrivé au Stalag le 17
septembre 1940. Après un bref séjour au camp, les prisonniers français sont
dirigés vers divers Kommandos (Kdo). Paulin est d’abord envoyé dans une ferme à
Krondorf, au nord-est d’Eger. C’est une petite ferme familiale avec peu de
terre. Elle appartient à Hermann Fritsch. Elle occupe deux prisonniers :
Paulin et un polonais, (j’ai retrouvé un Fritsch de ce village qui se souvient
du prisonnier polonais avec Paulin).
Paulin ne
peut pas parler français car il est seul. Il écrit à Maurice que son moral
baisse, il a envie de retourner en France. Paulin est finalement renvoyé au Stalag.
La relève
L’Allemagne, en économie de
guerre totale, réclame 250000 travailleurs au gouvernement français de Vichy en
mai 1942. Les travailleurs français sont échangés contre le retour en France
d’un pourcentage de prisonniers de guerre. Au stalag XIIIB, 300 prisonniers
bénéficieront de la relève. Ces départs vont laisser de l’amertume entre les
bénéficiaires et ceux qui restent. En effet, beaucoup veulent rentrer à tout
prix. Les choix, réalisés par l’autorité allemande, sont assez arbitraires. Le
système évoluera ensuite et l’Homme de confiance pourra établir une liste plus
juste. Il tiendra compte de l’âge, de la situation de famille (veuf, enfants à
charge etc.). Finalement le premier départ aura lieu le 12 juillet 1943, c’est
un convoi de 199 personnes dont 58 issus de la liste de l’Homme de confiance. Un
deuxième départ aura lieu en fin 1943.
La transformation
Si la relève a jeté un malaise
certain chez les prisonniers, la transformation va les diviser. Comme le
Relève, la
Transformation est le résultat de négociations entre Laval et
Sauckel en 1943. L'Allemagne
exige encore plus de travailleurs français pour accroître l'effort de guerre.
Laval négocie et obtient en échange de l'envoi de jeunes français en Allemagne
(STO), la transformation en travailleurs "libres" d'un nombre
équivalent de prisonniers de guerre. Ils
peuvent quitter le vieil uniforme rapiécé décoré du "KG" dans le dos,
se convertir en civil et toucher, en principe, un salaire identique aux
ouvriers allemands. Ils peuvent se déplacer et dépendent désormais de la police
et non plus à l'armée. Par contre, ils ne sont plus protégés par la Convention de Genève et
risquent d'avoir affaire à la
Gestapo en cas d'infraction grave. Sur un effectif global de
20000 prisonniers dépendant de Weiden, 3792 seront transformés avant l'été
1943. Au Kdo 3431, 50 prisonniers refusèrent la transformation. Ils durent
supporter les brutalités de Bergman, chef de la police et de son adjoint Hans
Mayeer.
Après quelques mois au stalag à
Weiden, Paulin s'aperçoit qu'il ne sera pas relevé, il envisage la
transformation. Comment fait-il pour être affecté à Eger, à quelques Km de
Krondorf ?
Il arrive à Eger, 30 rue
Grabenstrasse dans une entreprise: la Fischer-fabrik. Avant
la guerre, c’était une entreprise de fabrication de matériel agricole. En 1942
elle a été reconvertie pour produire des munitions. Andréas Bachmann, bien que
serrurier de formation en est le gardien. Il habite avec sa famille, dont une
jeune fille dans le bâtiment des bureaux. Une quarantaine de prisonniers
français est employée dans cette usine, dont quelques officiers français forts
courtois. Les prisonniers habitent dans des bâtiments à proximité, ils sont
libres de leurs mouvements. Selon notre informatrice à Bayreuth, la fille d’A.
Bachmann aurait eu une fille avec un prisonnier français en 1944 !
En 1943, lorsque l’usine
d’aviation est terminée à proximité, quelques uns se portent volontaires pour y
travailler.
A la fin de la guerre A. Bachmann
reste en Tchécoslovaquie, dans une maison confisquée aux allemands. Pour « éviter »
le régime communiste, il s’exile en Allemagne, à Stedten-Bischleben dans la
banlieue d’Erfurt.
Paulin s’est donc porté
volontaire, c’est là qu’il a rencontré Jean Forcet de Châteauroux, STO arrivé
le 14/06/43. Ils vont devenir les meilleurs amis et le resteront tout au long
de cette très longue captivité. Ils puiseront dans cette amitié pour tenir,
loin de leurs familles. Paulin ne pense pas qu'il travaille directement à
l'effort de guerre allemand. Maurice, son frère, mon père, lui a écrit
plusieurs fois pour le mettre en garde contre les risques de bombardement.
Les premiers avions à réaction
La vitesse des avions était
limitée avec des moteurs à hélice. Le record mondial de 755,13 Km/h allait être
battu en 1944 par le Dornier DO 335 qui avait des moteurs à l’avant et à
l’arrière, il vola à 780
Km/h lors de son 18° essai. Mais il était visible qu’il
fallait délaisser la piste des moteurs à carburation ou celle de l’hélice.
Dès 1939, un autre mode de
propulsion, la réaction, intéresse les ingénieurs. Le principe est simple,
l'hélice fait place au réacteur. Ce dernier est constitué d'un compresseur,
comprimant l'air dans une chambre de combustion où est injecté le carburant
puis brûlé. La détente créée par la combustion du mélange gazeux (air comprimé
et carburant) entraîne l’arbre du compresseur, qui auto entretient le procédé.
Le flux gazeux éjecté à l’arrière à grande vitesse propulse l'avion selon le
principe d'action réaction.
Le turboréacteur, mis au point
par l'ingénieur allemand von Ohain, constitua une avancée technique
spectaculaire du régime nazi, et cette nouvelle invention fut immédiatement
exploitée à une échelle industrielle. Dès 1941, le développement de
turbomachines, turbopropulseurs, turboréacteurs et turbosoufflantes devint un
objectif prioritaire et occupa cinquante fois plus de personnel qu'en Grande-Bretagne.
À l'inverse des constructeurs Heinkel - associé au motoriste Hirth et Daimler-Benz,
qui ne parvinrent jamais à concevoir un moteur à réaction digne d'une
production en série, les firmes Junkers et BMW réussirent à mettre au point des
turboréacteurs à compresseur axial multi étages.
Ainsi, le 27 août 1939, à
Peenemünde, une base d'essais où seront testés par la suite les V-1 et les V-2,
Heinkel fait voler le He-178, un petit monoplace. Erich Warsitz, aux commandes,
atteint la vitesse de 700
Km/h D'autres constructeurs s'intéressent au principe de
la réaction. Willy Messerschmitt fait travailler son bureau d'études sur un
projet dont les plans sont achevés avant le début des hostilités. Mais ce
programme n'est pas considéré par l'état-major comme prioritaire.
Après un travail acharné, ces
moteurs furent mis en production dans de vastes usines souterraines où
travaillaient principalement des milliers de prisonniers retenus en camps de
concentration. Entre mars 1944 et la capitulation allemande de mai 1945,
quelque six mille turboréacteurs Junkers Jumo 004B furent construits. D'une
poussée de 900 kg
au niveau de la mer, ce moteur équipa de nombreux prototypes ainsi que deux
appareils utilisés par la
Luftwaffe. Le turboréacteur BMW 003A était de dimensions
moindres et affichait une poussée de seulement 800 kg. Ces turboréacteurs
développaient une puissance similaire à celle des moteurs à réaction
britanniques de l'époque, mais ils étaient techniquement supérieurs et d'une
construction à la fois plus rapide et moins onéreuse. Ils péchaient cependant
par leur manque de fiabilité et leur faible durée de vie.
Le Messerschmitt Me 262
Le programme d’avion à réaction
Messerschmitt rencontre en outre des retards dans son processus de
développement, les trois premières cellules étant achevées sans que les
réacteurs ne soient prêts. Ainsi le premier vol du Messerschmitt Me-262
intervient-il le 18 avril 1941 avec des réacteurs situés sous les ailes et
encore à l'état de maquettes, avec un moteur à pistons de 700 ch. (Jumo 2106)
dans le nez. Le deuxième vol aura lieu avec les réacteurs finalisés en novembre
1941, mais toujours avec le moteur à pistons en sécurité ce qui permettra au
pilote d'essai de revenir se poser après la panne des deux réacteurs. Ce n'est que
le 18 juillet 1942 que le prototype équipé de deux réacteurs Jumo 004 de 840 kg de poussée effectue
son premier vrai vol, comme avion à réaction pur, avec Fritz Wendel aux
commandes. Le chasseur fut présenté à Hermann Göring le 23 juillet 1943 et le
26 novembre à Hitler en personne. Obsédé par les bombardiers rapides, Hitler a
demandé à Messerschmitt si l’avion
pouvait porter des bombes de 500 kg sur Londres. Celui-ci n’osa pas répondre
non. C’est alors que furent construits tous les prototypes possibles et qu’un
temps précieux fut perdu par l’Allemagne.
Milch, Speer et Himmler prirent
fait et cause pour l’avion de chasse, aux côtés du général Galland et d’autres
pilotes expérimentés comme par exemple le colonel J. Steinhoff. Sans en référer
à Göring ni à Hitler, ils passèrent commande de 20 Me 262. L’avion se montra
performant, comme l’atteste le succès du sous-lieutenant Schreiber : tout
juste sorti de formation, il abattit en un seul jour 5 avions alliés. Malgré
cela, il fallut entreprendre la transformation (bombardier éclair) d’une partie
de la série des avions de chasse.
La mise au point va être
difficile, notamment du fait de la faible fiabilité des réacteurs et de leur
conduite délicate: le temps de réponse d'un réacteur est plus long que celui d'un
moteur à pistons et il faut éviter des variations de régime trop brutales, sous
peine de connaître un pompage (à coups violents) suivi ou non d'une extinction
du réacteur. A l'issue des essais initiaux, une présérie est commandée au
printemps 1944. Mais la production de masse va se révéler impossible, en raison
des bombardements alliés réguliers effectués sur les usines Messerschmitt à
Regensburg. Une partie de la production sera ainsi éparpillée entre plusieurs
sites, y compris dans quelques sites souterrains. Avec les problèmes de
logistique, la production est ralentie et l'entrée en service du Me-262 est
repoussée du mois de mai à l'automne 1944, à la grande satisfaction de l'état
major allié, qui craignait les ravages qu'un tel appareil pouvait occasionner.
Malgré cela, le Me-262 sera
développé en plusieurs versions, dont les principales sont l'intercepteur
Me-262A-1a Schwalbe (Hirondelle) et le chasseur-bombardier Me-262A-2a
Sturmvogel (Pétrel).
Ce dernier est construit conformément à la volonté d’Hitler,
qui veut développer la conception d'un bombardier éclair
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Cette exigence
ralentira la production d'autres modèles que les pilotes de la Luftwaffe souhaiteraient
pouvoir utiliser. Parmi eux, le général Adolf Galland est convaincu de
l'intérêt du chasseur Me-262 et, après l'avoir essayé en avril 1944, il note
les excellentes performances de cet appareil « poussé par un ange ». La version
bombardier, alourdie de bombes logées sous les ailes qui augmentent la traînée,
limitera ses performances sur les avions alliés. Le Messerschmitt 262 connaît
également d'autres versions, comme celles d'avion de reconnaissance photo, de
biplace d'entraînement, de chasseur de nuit biplace, dont les antennes du radar
d'interception sont placées dans le nez.
A la fin de 1944, moins de 600
appareils ont été produits. Le total se montera à 1433 unités vers la fin de la
guerre. Ils n'étaient pas en état de voler, manquant de carburant ou n'ayant
pas été livrés aux unités opérationnelles. Ainsi, seulement une centaine de
Me-262 connaîtront l'épreuve du feu, et dans des conditions très difficiles
pour leurs équipages. Les pertes seront lourdes, même lors de vols
d'entraînement ou de banales missions. Peu de pilotes sont suffisamment
entraînés sur l'appareil, la fiabilité des réacteurs demeure médiocre, quelques
dizaines d'heures de vol tout au plus. En outre, la conduite des réacteurs
exige une longue approche avant l'atterrissage, dont les chasseurs alliés
profitent pour abattre le biréacteur alors sans défense. Cet appareil aura d'autres problèmes techniques car les
ingénieurs n'ont pas eu le temps de le mettre parfaitement au point sous la
pression de la guerre. Le freinage est insuffisant, le train avant est trop
fragile, etc.
Le Messerschmitt 262 fut de loin
le meilleur appareil utilisé par la Luftwaffe durant le conflit. Long de 10,6m, pour
une envergure de 12,5m et un poids de 7 t, il est équipé de deux turboréacteurs
Jumo 004B placés sous les ailes. Ce chasseur affichait des performances
extraordinaires ; vitesse de pointe 934 Km/h à 7000 m d’altitude, dépassant
les 1000 Km/h
en piquet, grimpe à 8000 m
en 3 minutes et une autonomie de vol de 90 minutes. Son armement dévastateur
est constitué de quatre canons MK 108 de 30 mm. Il équipa une escadrille à titre d'essai
à partir d'avril 1944 mais ne fut employé au sein d'une escadrille de combat
(le Kommando Nowotny) que le 3 octobre.
Il s'agit d'une belle réussite
technique avec son aile en flèche, ses becs de bord d'attaque de voilure qui
poussera les Alliés à récupérer, à la fin de la guerre, un grand nombre de
Me-262 aux côtés d'autres appareils à réaction comme les Heinkel He-162 et les
Arado 234. Ainsi, dès 1945, des Me-262 seront évalués aux États-Unis, en
Grande-Bretagne et en France, l'expérience acquise sur le premier chasseur à
réaction opérationnel pouvant être mise à profit par les différentes industries
aéronautiques.
Premiers jets à remporter une
victoire en combat aérien, peu de 262 seront descendus par la chasse alliée car
l'appareil reste hors de portée des chasseurs anglais et américains, avec un
bon excédent de vitesse (100 à 200
Km/h. Le Me262 aurait pu changer le cours du conflit
s’il avait été utilisé dans le rôle qui lui était originellement assigné, à
savoir celui d’intercepteur.
Certains appareils furent
convertis en chasseurs de nuit biplaces équipés de radar. Lorsque les Me 262
furent enfin disponibles en nombres suffisants, il était déjà trop tard: la Luftwaffe connaissait de
graves pénuries de carburant et un grand nombre d'aérodromes allemands avaient
été rendus inutilisables par les bombardements.
L’usine d’aviation d’Eger
Wolfgang Elster, était jeune
ingénieur dans l’usine d’aviation d’Eger. Sa carrière dans la FWE a commencé le 1.3.1941, à
l’âge de 20 ans. Elle s’est terminée, suite à la destruction de l’usine lors de
la quatrième attaque aérienne, le 3 mai 1945. Nous lui donnerons la parole pour
la suite de cet article.
Cette usine est née de
l’entreprise Ede et Wiedehold (W u W sur le plan), qui fabriquait des
empennages et du centre d’apprentissage qui était là jusqu’à son déménagement à
coté du Hall 1, bâtiment L sur le plan
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Cette photo prise en 1946 montre encore les cratères des bombes larguées par les avions américains
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Pour l’époque, l’équipement était
de haut de gamme et le programme de formation était très bien conçu. Il me fut
demandé de dispenser à nos apprentis, en plus des cours qu’ils recevaient par
ailleurs, des leçons en mathématiques, science des matériaux, dessin
industriel, lecture du dessin industriel. Des jeunes, intéressés par le vol à
voile, étaient instruits près de la piste d’envol. Les planeurs étaient tirés
par un câble. Herr Förscht était leur enseignant, mais après son incorporation
dans l’armée de l’air, je le remplaçai car je venais de terminer mon monitorat.
Après 3 ans d’études, les apprentis, qui n’étaient pas encore soldats, étaient
formés au maniement des canons antiaériens. En renfort, ils ont combattu contre
les bombardiers qui nous attaquaient. Seulement, les bombardiers volaient trop
haut pour les canons de 20 et 37
mm.
L’organisation de l’usine et des
sous-traitants.
Le plan montre la disposition des
bâtiments. Entre les halls 1 et 2, il y avait, en rez-de-chaussée, les stocks,
le quai de déchargement des trains qui nous approvisionnaient, le magasin
d’outils, les bureaux des dessinateurs et d’autres services annexes. L’atelier
de peinture était situé dans la partie sud du hall 2, l’atelier de mécanique
était au sud du hall 1. Entre les halls
3 et 4, se situait la chaufferie et sa batterie de chaudières. A l’arrière, se
trouvaient les départements du caoutchouc et du cuir.
Les principaux sous-traitants
étaient l’entreprise Geipel et fils, Asch, l’entreprise Kock de Kock,
Oelsnitz/Vogtland, Tefzet, Oelsnitz, ainsi qu’une dizaine de petites
entreprises fabriquant des instruments de musique, dans les régions de Gralitz
et de Fleissen. Dans les années 1943-1944, il y eut trois grandes filiales dans
les protectorats de Bohême et de Moravie : l’ancien tissage, Bohême,
Skalic ; l’ancienne raffinerie de sucre, Skrivan ; la caserne des
artilleurs, Bohême, Bundweis.
L’atelier de reprographie, l’imprimerie
étaient dans les proches environs d’Eger, la photographie était installée dans
le château Seeberg. Entre Franzenbad et Asch, une fabrique de tapis fut
reconvertie dans la production de profilés de tôle.
Tous les sous-traitants et les
filiales recevaient leurs directives de
travail, depuis Eger. Les filiales installées dans les protectorats étaient
dirigées par une petite centrale, la SARL Jiri, de Prague, ceci afin de protéger
l’anonymat de l’entreprise d’Eger. Le directeur technique était Herr Georg
Sander, chef de la défense militaire.
Conditions de travail
Le Salaire de référence des
ouvriers qualifiés était de 1 DM / heure, pour des semaines de 46 heures
et des congés annuels de 12 jours. Les heures supplémentaires et les dimanches
travaillés étaient rémunérés selon les conventions en usage à l’époque.
Les travailleurs civils français
logeaient dans des baraques RAD, 2 et 3 sur le plan, à proximité de l’usine.
Ils pouvaient se faire à manger, et étaient libres. Les prisonniers de guerre
russes travaillaient dans l’atelier de mécanique (machines-outils). Leurs chefs
d’équipe allemands veillaient à ce qu’ils reçoivent de la nourriture provenant
de notre cantine pour compléter les rations distribuées dans leur camp.
Dans le bâtiment 1, était la cantine
civile qui était accessible à tous. Dans ce secteur, il devait y avoir encore
des logements.
Vers la fin de la guerre, un
train d’ouvriers, accompagnés de leurs familles, arriva du nord-est de la Hongrie. Ils
travaillaient là-bas dans une usine qui fabriquait des canons.
Le programme des avions de chasse
fut lancé en 1943. Le temps de travail monta à 72 heures hebdomadaires et les
rations furent augmentées pour tous (saucisson, pain, beurre). A cette époque,
toute la compagnie du théâtre d’Eger fut réquisitionnée pour travailler dans
l’usine.
Dans la halle 8 (Me 262), tout
comme dans l’atelier d’aéronautique, il n’y avait que du personnel allemand,
pour des questions de sécurité (sabotage, par exemple par des rivets dans le
système hydraulique). La totalité de l’usine, des sous-traitants et des
filiales ont occupé plus de 6000 personnes, cela sans compter les filiales des
protectorats.
Le chef de programme était Herr
Sauer, le directeur, qui avait pour mission d’obtenir la production mensuelle
de 1000 chasseurs, en dépit des attaques aériennes menées contre notre usine.
Il dépendait directement d’Albert Speer, qui avait été nommé ministre du Reich
après la mort du Dr. Todt. Speer avait en main l’armement, la production de
guerre, les voies de communications, l’eau, l’énergie et la distribution des
matières premières.
Organisation du travail
Les tâches furent divisées en
deux parties :
- La remise en état des appareils
endommagés et la réparation des grands composants (par exemple, la pièce
centrale de l’aile du He 111).
Dans le hall 4 avait lieu
l’examen de l’appareil et la prise de décision des réparations à effectuer.
Toutes les parties endommagées étaient démontées et les directives indiquaient
les travaux à effectuer et les fournitures à utiliser. Tout ceci était
transcrit, pour chaque cas, sur des cartes perforées communiquées à l’atelier
de fabrication, à l’entrepôt des matériaux, à la préparation de l’atelier de
montage. Elles étaient fabriquées au département des cartes perforées (système
Hollerith) en utilisant un code chiffré. Ce système Hollerith, un précurseur de
la fabrication assistée par ordinateur, était utilisé aussi pour contrôler les
outillages et les fournitures.
- Les modifications qui
concernèrent le He 111 et le Me 262, étaient préparées de façon similaire, mais
les ordres émanaient des services techniques du ministère de l’air.
Construction des avions
Les travaux concernaient le
montage des systèmes hydraulique et électrique, de l’armement, du bloc moteur,
les travaux de construction du fuselage (travail de tôlerie). Les tôles, les
profilés en L, T, U, étaient en alliage d’aluminium, cuivre, magnésium. Leur
surface était traitée contre la corrosion. Avant d’être formés, les matériaux
et les rivets étaient trempés dans un bain de sel-Durferit à 505 degrés. Les
matériaux restaient malléables pendant 6 heures et atteignaient ensuite presque
la résistance de l’acier trempé pour une densité de 2,8. Ceci se faisait dans
une annexe, entre les halles 1 et 2. Les tôles et les profilés étaient alors
formés par exemple par laminage entre des galets ou étirés ou pressés en
profilés, vérifiés dans des gabarits afin que chaque pièce puisse être rivetée
sans qu’il se crée de tensions. Les rivets étaient utilisés pour les tôles du
fuselage et mis en place dans les perforations, depuis l’extérieur, par des
marteaux pneumatiques Pour qu’une tête se forme, ils devaient être contenus de
l’intérieur par des enclumes. Dans les endroits inaccessibles, des rivets
explosifs étaient utilisés. Ils étaient chauffés au fer à souder et l’explosif,
par son action, formait la tête du rivet.
Les tôles du fuselage et toutes
les autres pièces, comme par exemple les tuyaux du système hydraulique étaient
pressés à la forme voulue avant l’assemblage et vérifiés dans des gabarits pour
garantir un montage sans tension. Les trous étaient réalisés par des perceuses.
Les grands composants, comme par exemple la structure médiane de l’aile, les
surfaces portantes ou les portions de fuselage, recevaient la peinture de camouflage.
Ensuite, l’aile, par exemple, était montée sur la partie correspondante du
fuselage et les moteurs étaient assemblés sur le fuselage. Les armes qui
équipaient les appareils (Me 262) étaient ajustées une par une sur le champ de
tir et étaient essayées sur des cibles. Le système qui permettait d’actionner
toutes les armes à la fois était vérifié de la même manière.
Avant le vol d’essai, le
fonctionnement des compas, était testé dans un bâtiment tout en bois (K sur
plan). L’avion effectuait un tour complet (360 degrés). Les erreurs pouvaient
provenir de petits morceaux de fer perdus lors de la construction ou des
aménagements électriques. Elles étaient corrigées à l’aide de petits aimants.
Si une déviation persistait sans pouvoir être corrigée, elle était indiquée sur
un tableau placé bien en vue dans l’avion. Les appareils devenaient aptes au
vol dans l’atelier aéronautique, la « Sängerhalle », comme nous la
surnommions. Ce n’était pas parce que le personnel y travaillait en
chantant : (il s’agissait de l’ancienne salle de concert, sur la rive
gauche de l’Eger, j’y ai assisté au début des années 40, à l’excellente
prestation d’un grand orchestre à corde), ni parce que les moteurs y
chantaient. Le bâtiment en bois avait été transféré du centre ville, dans
l’usine d’aviation, pour augmenter rapidement la surface des bâtiments. Le cas
échéant, les avions pouvaient y revenir pour être perfectionnés. En fin de
fabrication, une inspection complète permettait de déclarer la réception.
Il n’y eut pratiquement pas
d’accidents d’avion. Un HE 111 dû faire un atterrissage forcé dans une prairie
des environs d’Eger, mais sans grand dommage. Il y eut des difficultés avec le
Me 262, au sujet de la roue avant. Sur quelques appareils, elle a plié à
l’atterrissage. Les matériaux dont elle
était constituée, étaient trop légers. L’appareil piquait alors du nez, la
queue en l’air. Les avions furent alors équipés d’un nouvel avant construit en
tôles d’acier. Le HE 177 prit souvent feu au niveau des moteurs et fut surnommé
le « briquet » de l’armée de l’air. Mais chez nous, il n’y eut pas ce
type d’accident. Cependant, un équipage qui venait de prendre livraison d’un de
nos avions, s’abattit peu après son départ, les moteurs en feu.
Programme de construction
Notre programme était déterminé
par l’adjudication des commandes par le RLM. Les diverses firmes se
concurrençaient. Notre plus grand concurrent était l’usine d’aviation d’Erfurt,
dont le directeur était Herr Kalkert. Avant l’adjudication, les entreprises
présentaient au RLM les investissements, le personnel nécessaires, la
production, les délais et tout ce qu’il faut pour mener à bien un projet. En
1942-1943, l’industrie aéronautique fut organisée en groupements de travail.
C’est ainsi que le montage du HE 111 revint à Erfurt et que nous devînmes
entreprise de réparation de la partie médiane de l’avion. Cela se faisait dans
le hall 2. Les travaux étaient répartis en 3 catégories : installation de
l’hydraulique, des appareils de contrôle et du train d’atterrissage. Le travail
se faisait à la chaîne, ce qui était une première en Allemagne. Les volets du
train d’atterrissage étaient construits dans le hall 1, tout comme le nez de
l’avion. Chez nous, le HE 111 était construit jusqu’à l’opération H 23.
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He 177. Bombardier, 30 transformations /mois
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He 219. Chasseur intercepteur de nuit transformé en bombardier
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Dans ce hall, il y avait aussi de
petites réparations et montages sur le HE 219, un bimoteur, chasseur de nuit.
L’arrivée de cet appareil commença chez nous par un petit accident. Lorsque son
nez fut débarqué du train, les Français, toujours très curieux, se sentirent
obligés de vérifier le confort des sièges. Mais ils ne savaient pas, que ce
chasseur était équipé de sièges éjectables. Je passais justement par là, me
rendant vers le hall 3 lorsque je vis soudain deux objets projetés en l’air,
hors de l’appareil. Les Français furent un peu choqués, mais nos infirmiers les
soignèrent efficacement. Les sièges, hélas, ne ressemblaient plus qu’à deux tas
de ferraille. Le vol d’essai du HE 219 eut lieu le 6/11/1942. Sa construction
fut rapidement lancée. Cet engin avait pour la première fois un train
d’atterrissage avant, un radar et, comme décrit précédemment, des sièges
éjectables de série. Il avait deux moteurs DB 603, chacun de 1750 ch.
Le HE 177 arriva dans le hall 8
fin 1942. Les travaux principaux, sur cet appareil, furent : nouveaux
ailerons, renforcement des ailes, déplacement vers l’avant des propulseurs (200 mm), allongement de la
carlingue (1600 mm),
placement de soutes pour les roquettes et les bombes perforantes, extincteurs
sur les échappements, modification de l’armement défensif de la partie
supérieure du fuselage, modification du réservoir ventral et de la queue. Ces
transformations (30 avions par mois) cessèrent en juillet 1944. Les appareils
furent mis à la ferraille derrière le hall 3, puis fondus. C’était la fin d’une
tragédie. Après les engagements, 26% de ces avions ne revenaient pas. (Pour
l’HE 111, ce chiffre n’était que de 5%) Le HE 177 était certes le bombardier le
plus moderne, mais sa construction, n’était pas au point et il était trop
fragile pour un avion envoyé sur des missions très rudes. Sa fragilité
provenait des systèmes hydraulique et électrique. Par la suite, les Anglais
allaient nous montrer comme il est facile de construire des avions gros
porteurs fiables.
Nous entendîmes un jour le bruit
d’un avion étranger. Nous vîmes tourner au-dessus de l’usine, volant de
travers, un grand quadrimoteur (Liberator). Il atterrit sur notre piste en
béton. L’équipage en descendit et se rendit au chef-pilote Mücke. L’appareil,
avec ses bombes, avait été trop endommagé pour pouvoir rentrer sur sa base.
Deux hommes étaient légèrement blessés et furent soignés par les médecins.
L’appareil fut mis en réparation dans le hall 3 et nous vîmes qu’il était
possible de commander un appareil sans la moindre intervention d’un système
hydraulique ou électrique. Lorsque l’avion fut à nouveau en état de voler, un
équipage du centre d’essai de Rechlin, sur les rives du lac Müritz, vint le
chercher. Ce ne fut pas pour la plus grande joie des alliés, mais ils
emmenèrent l’avion là-bas, en rase motte (à une altitude inférieure à 200 m). Il y subit de
nouvelles investigations.
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2 jeunes filles du RAD et 2 hommes : STO, prisonnier transformés ou travailleur déplacé... sur la chaine
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Vers le milieu de 1944, arriva le
Me 262, qu’il fallait modifier en bombardier et ensuite en de diverses
versions. Le premier appareil qui arriva à Eger pour être modifié, déclencha
l’alarme aérienne en raison du bruit, inconnu jusqu’alors, de ses réacteurs.
Le programme de travail était le
suivant
- mise en place des soutes à
bombes
- fixation de deux appareils
photos
- mise en place des soutes à
roquettes
Ces ajouts entraînèrent des
modifications du système d’armement (4 canons MK 108 de 30 mm), de la répartition des
réservoirs à essence, du blindage.
433 chasseurs Me 262 furent transformés de
la sorte jusqu’en avril 1945.
En automne 1944, nous reçûmes la
commande d’un He 277 B 5
(HE 177 avec 4 moteurs non jumelés). Il était destiné
à une mission spéciale et devait être capable de voler très loin.
Il devait
pouvoir atteindre les USA avec la bombe atomique allemande selon les
spécialistes français. Voir le livre de Rainer Karlsch : la bombe de Hitler, Paris 2007.
Toutes les armes furent
améliorées, les volets du train d’atterrissage furent construits en bois. Un
réservoir supplémentaire, de 3000
l lui fut adjoint, dans le prolongement du réservoir
ventral, sous le fuselage. Toutes les soutes à bombes reçurent aussi un
réservoir. Toutes les plaques de blindage furent épaissies. L’arrière, dépourvu
d’armement devint plus aérodynamique.
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La secrétaire du chef de l’usine
était alsacienne. Des jeunes filles servaient les repas aux prisonniers à midi
dans la cantine B2. La cantine allemande était dans le bâtiment Kt. Il devait y
avoir une infirmerie, ne serait ce que pour soigner les français « trop
curieux ».
La localisation du camps de prisonniers
Les 50 fortes têtes du Kdo 3431
sont installées au camp III, vers le Hall 9 derrière la cantine à Louis XI. Une
petite baraque de 4 chambres. Une haie de planches la sépare du camp des
malheureux russes.
Le Kdo 3497 d’Eger est situé à
300 m au sud de la gare.
Les travailleurs "civils" sont installés dans
deux fermes dans le village d’Oberschön (Homi Dvory aujourd'hui) à environ un
kilomètre à l'est du centre d’Eger. Tous les STO sont arrivés mi 1943; à cette
date, l'usine était presque terminée, la piste d'essai était en cours de
travaux, des prisonniers russes y travaillaient. Le camp d'Oberschön est
installé dans le périmètre de l'usine, proche du hall 9 et de la piste d'envol.
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Des prisonniers polonais
travaillent dans l'atelier des essais moteurs. Chaque atelier est séparé des
autres, les communications sont interdites entre eux.
« Je revois cette Flug, neuve et
entière, dressant ses Halle au sommet de la colline que nous montions en rangs
plus ou moins compacts, plus ou moins hirsutes, mais sûrement pittoresques. Les
sentinelles nous escortaient avec leur fusil à l'épaule, jusqu'au poste de
police gardé par ces Werkschutz, armés eux aussi. Une fois à l'intérieur,
chacun gagnait son atelier, son établi, son groupe, son avion et ses Fraulein.
La consigne était Arbeit ! Arbeit ! » Souvenirs d'un ancien de Kdo 3431.
Autour et dans la ville de Eger,
il y a 6 camps de prisonniers, dont des soviétiques. Dans l'usine d’aviation
travaillent également des civils de différentes nationalités, français du STO
et d'autres condamnés aux travaux forcés, hommes et femmes.
Aucun prisonnier français du
Stalag de Weiden n’a rencontré Paulin. Aucun STO de la Drome ne connaissait Paulin.
Il est donc impossible se savoir quelles étaient ses activités dans l’usine. Il
était néanmoins déclaré comme chaudronnier.
C’est Mme Forcet qui m’a confié
une photo montrant son mari et Paulin en compagnie d’une jeune fille. La photo
montre deux sacs de femme, il est donc judicieux de penser que la deuxième
femme prend la photo et quelles ont du alterner pour prendre quatre photos que
chaque ami portait sur lui.
Chacun des deux amis avait donc
rencontré l’âme sœur dans cette usine. Ces jeunes filles devaient être
« Zivilarbeiter » du RAD (Reicharbeitsdienst) pour le régime NSDAP. Elles devaient donner un an
de travail pour l’Etat dans un lieu choisi par l’administration. Certaines
jeunes alsaciennes ont également été concernées, car considérées comme
allemande par les nazis.
Leur rencontre a du être brève et
elle est retournée chez ses parents où elle a du accoucher. Personne n’a eu
d’informations sur l’enfant né de cet amour.
La secrétaire du chef de l’usine
était alsacienne. Des jeunes filles servaient les repas aux prisonniers à midi
dans la cantine B2. La cantine allemande était dans le bâtiment Kt. Il devait y
avoir une infirmerie, ne serait ce que pour soigner les français « trop
curieux ».
JE CHERCHE DONC L'IDENTITE de L'AMIE de PAULIN DERELLE et de l'ENFANT né de cette RENCONTRE
Merci d'avance pour toutes les informations que vous pourriez me partager.
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Le sac de l'amie de Paulin, l'amie de Jean Forcet, jean et Paulin Derelle
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En février 2018, j'ai été contacté par Mr P. Prévot dont le père était
à EGER (depuis mai 1943) dans le cadre du STO et qui possédait une
photo similaire.
Léon Prevot travaillait dans une épicerie en gros situé en
face d’une caserne (aujourd’hui détruite) qui se trouvait derrière l’église
Saint-Nicolas (10 Kasernplatz). Son employeur était M. Joseph Hofmann.
Cette photo est prise dans le même cadre, surement le même jour, en août 1943.
De gauche à droite: la copine de J.F., J.F., Paulin Derelle, Léon
Prévot, un chauffeur du camion de livarison de l'épicerie et un
collègue du camionneur.
Toute persone qui reconnaitrait quelqu'un serait aimable de prendrecontact avec moi.
J'aimerai bien connaitre la raison de ces photos et bien entendu, les
identités des autres personnes qui connaisent peut-etre celui ou celle
qui prend la photo....
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Les bombardements
Prévenus par la résistance tchèque, les alliés vont s'intéresser à ce qui se passe à Eger. A partir de février 1945, les
avions américains commencent à bombarder, visant les usines d'aviation. Le
bombardement du 14 février 1945
a causé peu de dégâts à l'usine car un seul avion a
lâché des bombes.
Le 25 mars 1945, dimanche des
Rameaux. Il fait très beau, le personnel, surtout celui des ateliers du nord,
se reposait au soleil, sur l’herbe, à côté des pistes de roulement. Il n’était
pas dans les abris creusés en prévision de ce type d’attaque
Jean Forcet propose à Paulin
d'aller avec lui, par ce temps magnifique, récolter des pissenlits. Paulin se
sent fatigué, après ces longues journées de 12 h de travail, 6 jours par
semaine, il préfère rester tranquillement à proximité du camp, couché dans
l’herbe, sur le chemin qui mène à Oberschön, au soleil du printemps. Jean part
seul.
A midi, six groupes de
bombardiers américains lancent une attaque sur Eger, afin de détruire l'usine
Heinkel. Une partie de la ville est atteinte et l'usine est entièrement
détruite, une partie du camp l'est également par des bombes à fragmentation. Le
HE 277 B5 ne fut pas détruit lors de ce bombardement.
Du fait du temps magnifique, la
majorité des prisonniers est en pleine nature à proximité des pistes ou sur le
chemin des abris situés à quelques centaines de mètres du camp. Sur 420 hommes,
73 sont tués, auxquels il faut ajouter un nombre important de blessés. Paulin
est malheureusement du nombre des tués, un éclat de bombe l'ayant touché au
cou. Son ami Jean Forcet est sain et sauf. Louis XI est également parmi les
victimes, étendu entre la cantine et le camp III.
Le père Joseph Garnier, qui
disait la messe à Altkinsberg est arrivé à grandes enjambées (il avait l'habitude
de faire 40 Km
à pied le dimanche pour dire les messes dans la région de Eger appelée
Kontrol-Bezirk), il part en direction des pistes, jonchées de corps des blessés
et de mourants pour apporter communion ou absolution et fermer les yeux des décédés.
Des bombes à retardement sont encore sur le sol. Ernest Prudhomme (prisonnier
transformé, possesseur des listes des travailleurs du camp Oberschön 1), malgré
une blessure aux jambes, va organiser les secours, faire hospitaliser les
blessés et obtenir une sépulture décente au cimetière de la ville.
Les survivants vont enterrer
leurs amis, leurs camarades dans une grande tombe commune de 50 m de long située dans la
section 18 au sud du cimetière. Les corps sont déposés sur un lit de branchages
de sapin. Tous ont une plaque d'identité et leur position dans la tombe a été
notée par Marc Allaire de Roudelaix 23700 Auzances, qui a établi le plan de la
sépulture. Il travaillait à l'atelier de peinture (au pistolet) de la Flug.
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Plan de la tombe commune à Eger. Paulin est le n° 1 en haut à droite.
Plaque d'identification fixée autour du cou
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Inhumation par le père Garnier le 28 mars 1945
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Le mercredi 28 mars, une cérémonie a lieu au cimetière, Le père Joseph
Garnier et les survivants prononcent les homélies et chantent " ce n'est
qu'un au revoir mes frères"...
Trois autres attaques réussirent,
en plus de celle-ci. La plus terrifiante eut lieu à 12 h, le jour de Pâques,
puis le 8 avril et le 10 avril.
Le HE 277 B5 était prêt pour la
livraison, il était stationné sur la piste pour les essais de réglage du compas
magnétique. Il fut réduit à l’état de « passoire ».
A la mi-avril, il
devint pratiquement impossible de travailler.
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Le He 277 détruit par le bombardement sur l'aire de réglage du compas magnétique
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Batiment central détruit par le bombardement
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D'autres photos sont disponibles sur le site tchéque : Fronta.cz
Le personnel devait quitter le
travail à causes des alertes aériennes et se rendre, par beau temps, à côté des
abris creusés à la lisière de la forêt, vers Pograth. De là, nous avons pu
observer 120 bombardiers bimoteurs essayant de détruire le viaduc du chemin de
fer sur l’Eger. Probablement les pilotes furent-ils déçus car ils ne touchèrent
qu’un seul pilier.
La libération
Les combats pour libérer Cheb ont
commencé le 24 avril. La 97° division d'infanterie américaine a attaqué au sud
et au nord. A l'ouest les américains sont bloqués à environ 7 Km de Cheb. Le 25 avril peu
avant midi, ils atteignent l'hôpital au sud de la ville et en fin d'après midi,
les casernes Goldberg au nord. Dans la nuit suivante, les allemands quittent la
ville pour former une ligne de front allant du cimetière à l’usine d’aviation.
La ville de Cheb a officiellement capitulé le 26 Avril. Le 5 mai, les troupes
américaines se sont remises en mouvement vers Karlovy Vary et Pilzen.
Pendant
ce temps, Eger est envahie
par les prisonniers de guerre libérés, les travailleurs civils, les
prisonniers
des camps de concentration et ainsi que par les gens déportés en
Allemagne qui
revenaient chez eux. Les habitants de Cheb devaient subir la faim, la
misère,
les pillages et les maladies comme le typhus. Cette situation n'a pu
être
contrôlée avant l'arrivée des soldats tchécoslovaques à la fin de mai
1945. Les populations civiles de langue allemandes urent à subir
des exactions de la part des tchéques avant leur expulsion vers
l'allemagne. Voir à ce sujet les récits et le livre d' Edith Bergler sur le site :
Après sa libération, le 26 avril
1945 par les américains et son retour en France, Jean Forcet viendra à Piennes
prévenir Maurice Derelle du décès de son frère Paulin.
Une pierre
tombale en granit de 170 x 80 cm sera érigée en 1951 avec l'inscription :
"Aux français morts pendant la guerre 1939-1945"
Photo faite par J. Reka, historien à Cheeb qui m'a aidé dans mes recherches.
Après 1953, la pierre tombale sera déplacée au fond du cimetière de la ville
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Le 16 octobre 1953, les corps seront rapatriés vers leurs familles en France.
Une cérémonie officielle eut lieu en présence des responsables locaux, des enfants des écoles etc...
Voici le compte rendu qui en a été fait ce jour.
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